Il y a d’abord eu l’écriture complète de l’histoire, puis la remise du manuscrit à celle qui allait m’aider à améliorer mon écrit : ma mère. Je t’ai déjà parlé de ma crise d’angoisse. Quelques jours après, ce sont les vertiges qui se sont invités…
06 mai 2019
Vertigineux. C’est peut-être le mot adéquat pour décrire ce que je ressens face au roman « Djanaé et les trois tribus ». Je me suis même retrouvée chez le médecin à cause de vertiges. Tout tournait. Même allongée. Ma tension était normale, j’ai fait des exercices pour voir si cela provenait du cerveau et la conclusion est que c’est l’oreille interne. J’ai un petit traitement depuis 4 jours et, depuis, les vertiges se sont arrêtés.
Je sais que les symptômes physiologiques sont liés à l’âme et à l’esprit. On ne peut pas considérer une personne qu’en traitant le corps. Et je me demande si ces vertiges ne viennent pas de cette sensation que je ressens. Vertigineux. Mais ça va. Les vertiges ont disparu avec le traitement.
Quand au roman, il ne reste plus que trois jours. Ma mère est plus que formidable. Elle ne fait pas que lire et corriger les fautes ou les tournures de phrases. Elle repère toutes les incohérences, elle adapte le langage lorsque je suis encore trop « moderne » pour le contexte de mon histoire, elle me fait réécrire des passages entiers de description pour que le lecteur puisse voir dans sa tête ce que j’ai dans la mienne. Elle allège les parties « spirituelles » pour suggérer plutôt que décrire. On écrit presque ce roman à quatre mains. Elle y passe la moitié de ses nuits et tout son temps libre. Voyant qu’elle n’arriverait pas à finir les derniers chapitres à temps, elle a même demandé à sa chef de ne pas travailler demain matin. C’est juste dingue ! Grâce à elle, ce projet est moins vertigineux.
Au début, toutes ses remarques en rouge, ses annotations, ses mots surlignés en jaune, me faisaient peur, me renvoyaient à mon incapacité à faire comme il faut. J’ai entendu une phrase il y a deux jours : « Pour bien écrire, il faut écrire ce que l’on sait ». Je ne sais pas écrire de la fantaisie. Je me suis lancée là-dedans par conviction. C’était quelque chose de fou, d’intime, qui m’inspirait. Mais entre écrire une histoire et l’écrire bien, il y a tout un monde. Je pensais avoir réussi à l’écrire assez bien. Mais la relecture de ma mère m’a montré à quel point j’étais loin du compte. C’est bien pour l’égo. Difficile pour l’estime de soi. Et pourtant, c’est pour le mieux.
Aujourd’hui, le roman est bien plus abouti. Je ne sais pas quelle sera l’issue, mais cela ne m’appartient pas. Celui qui me l’a inspiré s’en charge. J’ai fait ma part. Ma mère a fait la sienne. Bien plus monumentale que ce que l’on avait imaginé l’une et l’autre.
10 mai 2019
J’ai envoyé le manuscrit final de « Djanaé et les trois tribus » le 8 mai à 22h20. Je me suis sentie à la fois soulagée et vide. Vidée, oui. Mais vide, aussi. Comme si j’avais donné un bout de moi. Pendant plusieurs semaines, j’ai tordu un texte dans tous les sens, je l’ai noué, délié, torturé, amputé, nourri… toutes mes pensées allaient vers lui. Et d’un coup, c’était fini. J’ai cliqué sur « envoyer », et je n’avais plus la possibilité de faire marche arrière.
J’étais soulagée parce que c’était le bon moment, parce que j’avais achevé ce que je voulais faire et que j’étais épuisée. J’avais envie de passer à autre chose. Et en même temps je me suis sentie vide parce que mon temps ne va plus dans cette histoire, alors qu’une partie de mes pensées y est encore. C’est très perturbant.
En quelques semaines, j’ai était fière et déçue de moi. En quelques semaines, j’ai adoré l’histoire, puis détesté mon écrit, pour l’aimer de nouveau un peu. En un mois, j’ai pleuré en écrivant, puis ri. Je me suis mise en colère. Je me suis sentie minable.
J’ai dû m’apprivoiser. J’ai appris à accueillir tout ce que j’écris, le bon comme le moins bon. Avec le recul, il n’y a rien de plus normal que de retravailler autant un texte. Le temps était juste court. Trop court pour être vraiment satisfaite, et pourtant, je le suis quand même. Dans le délais imparti, ma conclusion, c’est que c’était bien.
Après avoir envoyé mon mail, j’ai fait du ménage. À 22h30, oui. J’avais besoin de rassembler mes idées et quoi de mieux que de nettoyer et de ranger pour cela. Je me suis couchée satisfaite. Mon texte était envoyé, je n’y pouvais plus rien. Mon camping-car était propre et ordonné, tout était à sa place. Pendant la nuit, j’ai rêvé de mon manuscrit. J’ai rêvé à des scènes qui n’existent absolument pas dans l’histoire, mais dans mon rêve, je regrettais de ne pas les avoir écrites et décrites comme je le voulais. Bref ! C’était ma première nuit.
Depuis, ça va. La tête libérée de « Djanaé et les trois tribus », j’ai pu me pencher sur l’intervention que je fais au mariage où nous sommes invités demain, et je suis de nouveau à fond sur mes trois autres histoires qui prendront bientôt vie à l’écrit. Je reviens à mon style naturel d’écriture : le roman feel-good. Pour autant, les nœuds de mes personnages ne sont pas simples.
Voilà un petit aperçu de toutes les émotions traversées en un mois pour rendre un manuscrit pour la finale d’un concours d’écriture. Aujourd’hui, près de trois semaines après, j’ai la tête dans une nouvelle histoire. Et qui sait ? Peut-être même un prochain concours 😀 Je crois qu’une fois qu’on a goûté à cette effervescence, on a envie d’y retourner. Quand aux résultats du concours « Anima », je te tiendrai au courant dès qu’ils seront publiés, c’est promis !