Trois semaines pour faire un plan précis de mon nouveau roman et l’écrire. C’était mon challenge d’écriture octobre 2020. Je suis épuisée mais ravie parce que j’ai réussi ! Un premier jet de 57 000 mots a vu le jour pour « Les couleurs de l’eau ».
Cette troisième et dernière semaine a sans aucun doute été la plus éprouvante. Physiquement, mais aussi émotionnellement. Depuis mi-août, j’écris. J’ai rédigé « Une première fois à la fois » (mon nouveau feel-good) que j’ai achevé fin septembre, et j’ai enchaîné avec « Les couleurs de l’eau ». La cadence à suivre était donc soutenue. À cela s’est ajouté toutes les nouvelles qui polluent trop facilement mon ciel, à savoir les annonces gouvernementales sur la situation sanitaire et avec, l’éventuelle impossibilité de revoir certains membres de notre famille, même à Noël (comme mes grands-parents), et puis le projet de loi d’interdire l’instruction à domicile (que nous pratiquons depuis que Djanaé est née)… Tout ça tourne en boucle sur les réseaux sociaux et dans les discussions. Et ça me fait exactement l’effet d’un nuage de pollution qui étouffe les rayons du soleil et empêche à notre esprit d’être libre et de prendre de la hauteur. Ça joue sur ma créativité, mais aussi sur mon moral.
Pour autant, malgré la fatigue (émotionnelle, psychologique et physique), je voulais aller au bout et terminer dimanche. Pour avoir quelques jours de repos avant l’enchaînement de la suite (qui n’inclut aucun nouveau projet d’écriture pour le moment, je marque une pause). J’ai fait des siestes et travaillé à des horaires un peu différents pour pouvoir boucler mes deux chapitres quotidiens. J’ai réussi à m’isoler dans une bulle en écoutant un feu de cheminée crépiter (dans mes écouteurs à défaut d’en avoir en vrai) pendant des heures.
Lorsque j’ai posé mon point final, j’ai pleuré. Parce que c’est toujours difficile de dire au-revoir à des personnages avec qui on a vécu pendant des jours et des jours. Et au vu de ce challenge, c’était d’autant plus intense que je ne pensais qu’à eux (à part quand les pollutions venaient assombrir mon ciel). J’ai aussi pleuré de soulagement, parce que le lendemain, j’allais pouvoir faire une sieste sans mettre le réveil et juste savourer le fait de ne pas ouvrir mon ordinateur. J’ai aussi pleuré parce que la fin ne me satisfait pas des masses. Le fond, oui. Mais pas la forme. Je pense être restée près de 3/4 d’heure, juste pour une dizaine de phrases. Jusqu’à présent, je n’ai jamais eu de mal à savoir quand se terminait mon histoire. C’était évident. Facile. Je sentais que j’avais dit ce que je voulais raconter et que la suite ne m’appartenait plus. Mais là, je n’étais pas sûre. Est-ce que je devais en rajouter un peu ? En supprimer ? J’ai hésité, fait des essais, recommencé. Et comme je le dis souvent, « fait est mieux que parfait », alors j’ai finalement tranché et tout fermé. Mais je sais que je retravaillerai cette fin. Un autre jour. Sûrement pas avant l’année prochaine, d’ailleurs.
Depuis deux jours que je sais que j’ai fini, j’ai de nouvelles idées qui jaillissent. Comme une évidence qu’il fallait que je m’éloigne du chemin prédéfini (de mon plan, donc) pour que certains détails, certaines scènes, puissent éclore. C’est ce qui se passe. Alors que j’ai fermé le dossier, ma tête me fait des suggestions. Alors que parfois, sur certains chapitres, j’ai trébuché, que je me forçais pour aller au bout, c’est une fois que je m’en détache que des idées popent. Tant mieux. Ma créativité, malgré la fatigue, a toujours encore quelques mots à dire. Mais comme je ne veux pas rogner sur mon temps de repos nécessaire, j’ai simplement noté ces idées dans mon téléphone et quand je serai prête, je retravaillerai mon manuscrit dans son ensemble pour lui donner encore plus de merveilleux.
Je referme donc ici ce challenge que je considère comme une double réussite : la première, d’avoir réussi à tenir un délai aussi court, et la deuxième, d’avoir réussi à peaufiner un plan en amont et à l’avoir suivi. Je pense que j’utiliserai encore cette façon d’écrire. Mais avec des délais beaucoup plus longs. Pour permettre aux idées imprévues de jaillir à n’importe quel moment du parcours prédéfini. Pour ne pas me retrouver avec cette sensation de « se forcer » à écrire un chapitre alors qu’en laissant quelques jours de répit, tout deviendrait fluide. Et surtout, pour terminer mes prochaines histoires en étant un peu moins sur les rotules 😛
Quoi qu’il en soit, les challenges sont toujours de supers expériences. Pour se dépasser. Pour se mettre « en danger ». Pour sortir de sa zone de confort. Pour explorer d’autres façons de faire, d’écrire, de penser ses personnages, d’autres thématiques, aussi. Pour se découvrir soi aussi, autrement. J’aime les défis. Mais je n’aime pas faire deux fois le même. J’aime tout ce qui est nouveau. Et j’ai déjà d’autres idées de défis d’écriture créative. Plus courts. Plus ciblés. Pour le fun. Mais ça, je vous en parle plus tard. En attendant, j’ai fait aussi un bilan en vidéo (ce n’est pas exactement dit de la même façon, mais ça se recoupe) 🙂