Hier soir, je lisais un article sur le procès de Valérie Bacot qui, après 24 ans d’emprise d’un homme qui a d’abord été son beau-père, l’a violée, l’a mise enceinte, l’a épousée, a continué de la violer, la battue, l’a prostituée, l’a piétinée, l’a essorée, l’a déchirée… elle a fini par le tuer.
Et à une heure du matin, des mots me venaient, comme une complainte. Celle d’une condamnée dont on n’a jamais considéré la parole. Alors voilà. Aujourd’hui, en toute humilité, je prête mes mots à cette femme. Et je pleure avec elle.
Même mort, il gagne encore
Il m’a muselée et tordue,
Usée, puis vendue
L’enfer qui brûlait dans ses yeux
Coulait dans ses mains dégueux
Il jouissait sa mort dans mon corps
Sa morsure, elle, encore me dévore.
Si je m’éloignais ? il m’empoignait
Le contournais ? il me retournait
Me détournais ? il m’enfournait
Il m’a tuée mille fois
A pissé sur mon sort
A vomi sur toutes les lois
Mais même mort, il gagne encore.
Il fallait que ça s’arrête.
Lui ou moi, la question ne se posait plus
Une mère est parfois prête à tout
Il fallait que ça s’arrête.
Oui, j’ai commis un meurtre.
J’ai mis un point final à cette ordure
Déchiré les pages de cette pourriture
L’ai enterrée pour qu’elle ne souille personne d’autre.
Je me suis libéré de lui, mais pas de mon sort
Parce que même mort, il gagne encore.
D’esclave à prisonnière
J’ai troqué la terreur contre la colère
La justice est une mytho
Elle m’a poignardé dans le dos
Comme lui, elle me passe sur le corps
Et même mort, il gagne encore.