Le 26 octobre 2018.
« Depuis plusieurs mois, mon genou droit est bloqué. Depuis plusieurs mois, mes mâchoires sont entièrement crispées et rendent les nerfs de mon visage à vif, à fleur de peau. Alors quand ma tante m’a parlé de son ostéo j’ai pris rendez-vous. […] On a parlé sur cette frustration d’avoir un corps qui ne suit pas l’esprit, et l’importance d’écouter ce que ce corps veut dire, de le respecter, de ne pas le rejeter, de l’aimer comme il est. On a parlé du fait d’avoir des projets concrets à chaque instant, pour ne pas être « dans l’attente » mais dans le présent. On a parlé de l’hiver, de l’importance de se reposer, de prendre soin des relations importantes. […] Elle s’appelle Julie, c’est plus simple de l’appeler par son prénom. Julie me disait que le mieux, quand je ressentais une émotion négative, c’était de l’accueillir. De ne pas essayer de la faire taire en me disant que je ne devrais pas ressentir ça. Parce qu’elle a le droit d’exister. Et la reconnaître, c’est l’aider à passer. […]
« À quel projet me consacrer pour ne pas être « dans l’attente » ? […] Une option, réalisable à coup de motivation (mais je ne suis pas sûre d’en avoir), ce serait d’écrire le roman que j’ai envie d’écrire depuis un moment. Mes personnages prennent bien vie dans ma tête. Le scénario se dessine et plus ça va, et plus je l’aime. Mais j’ai peur. Parce que quand je me lancerai dedans, je ne sais pas si je pourrai m’arrêter avant la fin. J’ai peur d’être trop perfectionniste, de devenir asociale, de ne plus être présente pour Steph et Naé, de devoir le faire lire un jour, ou qu’il ne soit jamais lu, ou encore qu’il soit lu et aimé… C’est fou d’avoir peur de réussir à écrire une jolie histoire. C’est fou d’avoir peur de faire sortir quelque chose qui est en soi depuis si longtemps. Et puis après ? En serais-je un jour satisfaite ? Dégoûtée ? Ou au contraire est-ce que je vais tellement aimer que je voudrais tout de suite recommencer ? » […]
« Écrire en hiver, c’est une idée qui me plaît beaucoup. Se renfermer autour de son idée comme on viendrait se réchauffer autour d’un feu, j’en ai très envie. »
Le 03 novembre 2018
« Je suis couchée la majeure partie de mes journées. J’ai eu quelques jours de mieux, puis une angine. Et depuis, j’ai très peu de forces. […] Oui, mon moral est dans les chaussettes. Mais plus que ça, j’avais une grosse boule d’angoisse dans le ventre, la gorge, la tête. […] J’en ai parlé à Steph. Ou plutôt j’ai pleuré devant Steph. […] »
« Là, si on me demandait ce que j’aimerais, ce serait partir 10 ou 15 jours. Seule. Dans un endroit que je ne connais pas. Couper mon téléphone. Prendre un ordinateur pour écrire mon idée de livre. Écrire encore. Me confronter à ce que j’ai dans le ventre. Est-ce que j’en ressortirai grandie et épanouie ? Est-ce que je déchanterai ? J’aimerais le faire sans avoir aucune distraction que celles que je choisirai : marcher dehors dès que ma tête sera proche de l’implosion, manger des plats que je ne connais pas, ne jamais cuisiner une seule fois, et chanter. Un cocktail idéal pour booster ma créativité. »
« Voilà, mais en revenant à la réalité, il y a peut être moyen de travailler quelques heures sur ce bouquin […] C’est peut-être ça ma rédemption, mon salut pour sortir de ce tunnel dont je ne voyais pas le bout encore hier. »
05 novembre 2018
J’ai fait le portrait des mes personnages ainsi que la première grosse ébauche du sommaire qui s’articule autour des réunions des Déboussolés Anonymes et des idées de David. J’ai écrit mon premier chapitre.
C’est étrange cette sensation d’avoir démarré un tout petit quelque chose dont on ne connaît pas à l’avance la grandeur, la longueur, la durée, la consistance. On se lance sans savoir où est la fin, ni si on la trouvera. On se jette dans un espace temps incertain, imprévisible, sans limite apparente. Mais cet inconnu ne me fait pas peur. C’est plutôt grisant.
07 novembre 2018
« Il y a quelques jours, je me disais que ce serait chouette de me mettre à écrire, enfin. Hier, je réalise que je peux même être lue tout de suite, avec des retours, et tester mes idées en live [NDLR : grâce à la plateforme Fyctia que je viens de découvrir et le concours « roman de l’été »]. Qu’est-ce que j’y perds ? À part l’anonymat. Je me disais que j’écrirais dans mon coin, que j’enverrais le script à des maisons d’édition une fois tout terminé (ou pas), que je ne dirais rien à personne (à part Steph, Djanaé, et ma tante parce que Djanaé lui en a parlé avant de savoir que c’était un secret), et que si ça aboutissait, alors je pourrais en parler. Sinon, ce serait juste une aventure dans mon coin. Et voilà que je suis prête à éditer mes chapitres au fur et à mesure. Je suis même prête à en parler sur la chaîne Youtube pour demander de me lire et de me donner de vrais commentaires constructifs. Steph est ok sur le principe.
C’est un truc de dingue. Je ne veux pas m’emballer, mais je suis excitée à l’idée de relever ce nouveau challenge, de me dépasser, de faire quelque chose que je n’ai jamais fait, de mettre les pieds sur un territoire inconnu. C’est assez flippant mais je me sens de nouveau vivante. J’avais vraiment besoin de ressentir ça : me sentir vivante. Pas en suspens. Pas en attente. Pas en parenthèse. Vivante, ici et maintenant. »
La suite
La suite, ce sont des heures de pianotage sur le clavier de mon ordinateur, des notes griffonnées sur des carnets et des feuilles volantes à toute heure du jour et de la nuit, deux mois à ne penser qu’à Sam, David, et tous les DA, à guetter chaque commentaire sous les chapitres publiés, à lire et relire, à corriger, à ne plus supporter mon histoire, puis à l’aimer de nouveau, à la folie.
Fin du concours, mon texte n’est pas sélectionné pour aller plus loin. Je le retravaille dans mon coin, le laisse reposer et le propose bien des mois plus tard pour un autre concours.
2021 : lauréat du prix du développement personnel
Les déboussolés anonymes, candidat au concours des Nouveaux Auteurs (en partenariat avec Prisma) du prix du développement personnel, reçoit de nombreux coups de cœur des lecteurs ainsi que de superbes notes, ce qui lui permet d’accéder à la finale. Mon roman sortira gagnant du vote du jury, avec pour marraine Florence Servan-Schreiber.
En tant qu’écrivaine, mon rêve est d’être lue par un maximum de personnes. Et le moyen le plus efficace, aujourd’hui, est l’édition. Se faire éditer, c’est déjà exceptionnel. Mais en plus dans le cadre d’un concours, avec la mise en lumière, c’est un immense honneur.
Le 18 mars 2021, « Les Déboussolés Anonymes » est accessible dans toutes les librairies et sur toutes les plateformes au format numérique.
J’espère sincèrement que cette histoire vous touchera autant qu’elle m’a habitée. J’ai essayé d’y mettre des bouts de lumière et d’espoir, en rêvant qu’ils vous parviennent.
Il est venu le temps de vous confier la suite, et ce n’est pas chose facile que de donner un bout de soi à des personnes qui peuvent se l’approprier ou le rejeter, le chérir ou le détester, s’en délecter ou l’oublier…