Djanaé.
Tu sais quel est le premier et le plus grand des confinements ? Notre corps.
Imagine notre âme toute serrée à l’intérieur de cette enveloppe qui est limitée de partout, alors qu’elle, elle veut juste se mettre à son aise.
Pendant longtemps, j’aurais aimé être comme un Bernard l’Hermite et pouvoir changer d’enveloppe dès que je me sentais à l’étroit. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, notre corps a beau être une enveloppe, elle définit en grande partie ce qu’il y a dedans. Pour les autres, mais aussi pour soi.
Pendant longtemps, j’ai voulu cacher mes formes, pour ne pas être considérée comme une fille, mais juste pour ce que je suis à l’intérieur. Moi. Ensuite, j’ai voulu tirer sur mes seins, pour qu’ils soient un peu moins minuscules. J’ai râlé sur ma peau trop blanche, mon visage trop rouge, mes clavicules trop visibles, ma peau d’orange en haut des cuisses… c’est sans fin. Et tu sais quoi ? Même les personnes qui ont un corps « parfait » selon les critères de notre société, ne sont jamais satisfaites.
Et puis… une autre limite a balayé les soit-disant défauts physiques qui m’obnubilaient. Celle de la fatigue. Des douleurs chroniques. L’impossibilité de faire tout ce que je faisais avant, tout ce que ma tête avait programmé. La jeune fille sportive et hyperactive disparaissait petit à petit, me laissant avec un corps dont je ne voulais pas. Ce n’était pas moi !
Mais plus tu luttes, plus tu t’épuises. Ne pense pas non plus qu’il faille se résigner. Je crois que l’équilibre est dans le fait d’accepter les choses comme elles sont, sans pour autant qu’elles deviennent la norme. Tout passe. Et si ce n’est pas dans cette vie, ce sera dans celle d’après.
Djanaé, ta très belle et grand âme est confinée dans ce corps d’enfant. Accepte le présent pour ce qu’il est. Tu vas grandir.
Et je te souhaite d’aimer ton enveloppe corporelle. Parce que plus tu l’aimeras, et plus la cohabitation sera agréable.
Certains n’ont plus leurs jambes. D’autres n’entendent pas. D’autres, encore, se battent quotidiennement pour respirer. Nous, nous pouvons courir, danser, chanter, rire, nous câliner, faire plein d’activités. Nous avons un corps merveilleux ! Et ce confinement de l’âme n’est qu’une expérience. Alors vis-la à fond ! Et sois heureuse !