Ils poussent, éparses, en dehors de vos champs calibrés,
Ou s’infiltrent dans vos cases millimétrées, délimitées.
Ils s’érigent sur les bords de vos chemins en déroute
Et percent le béton de vos sols en croûte.
Solitaires, vous passez à côté, feignant l’ignorance,
Ou les foulez aux pieds de votre arrogance.
Minuscules tâches de couleur dans l’uniformité imposée,
Pas de quoi s’inquiéter, ce n’est qu’une minorité.
Parfois, leur nombre explose et repeint le territoire.
Des milliers de touches de vie enchantées
Envahissent l’espace délaissé pour l’heure,
Mais que vous raserez dans un an, ou deux, vous verrez.
Mais ceux qui vous font peur, ceux que vous avez en horreur,
Ce sont ces bouquets qui jaillissent partout et nulle part,
Malgré vos leçons, vos poisons et vos prisons,
Imprévisibles mais bien visibles, incorruptibles et à foison.
Vous pouvez les arracher, les déraciner ou les cloîtrer.
Essayez donc de les cantonner dans vos petits jardinets !
Libres, ils s’éparpillent en dehors de vos carcans,
Pointes de rouge dans votre monde grisonnant.
Leurs graines immortelles, portées par les vents,
Germent plus vite que ne se répand la mort et ses relents.
Pointes d’espoir, pincées de merveilles,
Les coquelicots ne se courbent pas devant le soleil.
Ils portent l’étendard du sang de l’innocent,
La puissance du triomphe de la vie,
La passion des cœurs qui vibrent à l’unisson,
L’éclat de la liberté et la fougue qui jaillit.
La hardiesse pour terreau,
La liesse comme drapeau,
La sagesse sans les mots,
Ce sont les coquelicots.